Vous est-il arrivé de tomber follement en amour? Vous avez l’impression de faire UN avec l’autre et de vous comprendre sans vous parler. Vous êtes convaincu d’avoir enfin rencontré l’âme soeur et que cette extase va durer pour toujours. Et puis, après quelque temps, entre 6 mois et deux ans, vous vous retrouvez insatisfait et déçu de votre relation. Vous ne comprenez pas pourquoi vous avez brûlé d’une passion intense pour cette personne qui ne vous inspire plus que des sentiments très tièdes. Que s’est-il passé?

Peut-être êtes-vous en train de vous dire: “Ça y est, la psy va encore mettre tout le blâme sur l’enfance.” Eh! bien, vous avez raison. Et je sais que ce n’est pas très romantique de considérer un sentiment amoureux qui nous apporte autant de bien-être comme une excuse pour confronter des conflits non résolus. Mais, si ce sentiment amoureux nous mène toujours vers la déception, l’accumulation de ces échecs peut abîmer considérablement notre estime de soi et l’espoir de trouver un jour le bonheur. Alors qu’en est-il?

En tant qu’enfant, nous sommes totalement dépendants de nos parents pour notre survie physique, émotionnelle et psychologique. Malheureusement il n’existe pas de cours “Parent 101” obligatoire. Certains parents ont un talent naturel ou ont eu de bons modèles parentaux. Pour d’autres qui sont encore des enfants blessés dans un corps d’adulte avec, eux aussi, des conflits non résolus, être parent est un défi auquel ils ne sont pas toujours à la hauteur. Même s’ils font de leur mieux et qu’ils aiment leur enfant, ils peuvent ne pas avoir assez de maturité ou les habiletés nécessaires pour subvenir adéquatement à tous ses besoins.

De réaliser que ses parents ne sont pas toujours très compétents est insupportable car, pour l’enfant, ça veut dire que sa survie est peut-être en danger. Il va se sortir de cette impuissance en croyant que c’est de sa faute, qu’il n’est pas à la hauteur des attentes et de l’amour de ses parents. Si c’est de sa faute, il a la possibilité de changer ses comportements pour essayer de gagner leur admiration et obtenir ce dont il a besoin. Mais cette stratégie est rarement efficace. Une fois adulte, il va vouloir combler les manques qui découlent de l’enfance à travers une relation amoureuse, avec peu de succès.

J’ai souvent entendu: “Un tel ou une telle serait parfait(e) pour moi mais il n’y a pas de chimie. Pourquoi je tombe toujours en amour avec le mauvais gars ou la mauvaise fille?” Qu’est-ce qui nous pousse dans les bras de quelqu’un qui ne semble pas être bon pour nous? Lorsque nous rencontrons une personne qui nous rappelle inconsciemment papa ou maman, tout notre être se réjouit d’avoir enfin trouvé le parent substitut qui va reconnaître notre valeur et nous rendre heureux. Nous tombons follement en amour avec une personne qui a autant de difficulté que nos parents à satisfaire tous nos besoins. Malgré tous nos efforts, nous nous retrouvons encore une fois dans une relation insatisfaisante, avec le sentiment d’être mal aimé. Même si nous réussissons à tomber en amour avec la bonne personne, notre insécurité peut nous amener à avoir des comportements qui risquent de saboter la relation. Nous croyons inconsciemment que nous ne la méritons pas.

La solution est de reconnaître que nos parents n’étaient pas toujours très compétents et que ce n’était pas de notre faute. Il faut faire le deuil de ce qu’ils ne pouvaient pas nous donner et apprécier ce qu’il y avait de bon dans la relation. Il est important de se rendre compte que notre valeur en tant que personne n’est pas dépendante du regard de nos parents ou de leurs substituts. C’est en apprenant à s’aimer soi-même et en prenant responsabilité pour son bonheur qu’on peut réussir à bâtir une relation amoureuse saine et aimante.

Christine Schwab, psychologue.

Psychothérapie individuelle pour adultes en bureau privé